« There’s no place for you in this town ! »

La scène se passe dans le métro de Montréal, il est près de 23h. Nono rentre du festival OUMF ou il a donné un coup de main au Ludologue (mais qui c’est, celui là ?).

Dans le métro donc, s’installent à quelques mètres de nono un couple de deux hommes. Ceux-ci ont des gestes tendres l’un pour l’autre, sans gênes et naturels. Ils sont nullement intimidés par le monde qui peut être autour. Est installé dans la rangé à côté, un autre homme au style bien différent. Portant une barbe taillée, cheveux noirs, teint halé et regard noir, il dégage un charme sombre qui dénote franchement de l’apparence de ses voisins.

Nono a bien remarqué que ce beau ténébreux a jeté rapidement quelque regard sur ce couple. Mais ce que Nono ne sais pas, c’est qu’il va assister à la première scène de violente intolérance depuis qu’ils sont à Montréal.

Station suivante, entre dans le wagon un petit homme asiatique, cheveux mi-longs et gris, le visage probablement plus ravagé par les excès que par les années. Il s’installe péniblement au milieu de ce groupe. Manifestement, il est saoul.

Réalisant qu’en face de lui, deux hommes sont tendres l’un pour l’autre, il les interpelle en anglais. Ses mots ne sont que peu audible depuis l’endroit ou Nono se trouve. Cependant, il semble qu’il interroge le couple pour savoir s’ils sont bien ce qu’il croit comprendre. Ils acquiescent et lui s’esclaffe. Il commence a brailler un peu, donne l’air de celui qui veut que le couple cesse de se regarder.

Nono se dit que cet homme alcoolisé va peut-être devenir violent, et s’approche, histoire de mettre ses six pieds quatre et quelques 250 livres du bon côté.

L’homme éméché interpelle alors son voisin, qui bien entendu n’a absolument rien raté de la scène. L’homme ténébreux ne l’ignore. Le premier le touche, pour attirer son attention, et lui faire remarquer la scène en face de lui.

L’homme à la barbe taillée entre alors dans une colère tonitruante. En anglais, il lui aboie au visage de ne pas le toucher, de ne pas s’approcher. « There’s no place for you in this town ! » lui crie-t-il, sous-entendant que Montréal n’est pas un lieu pour les intolérants. L’échange bien que verbal est très virulent, voir violent. Il ne fait nul doute que si l’asiatique insiste, cela va mal finir (pour lui). « I’m sorry » réplique le petit homme, surpris sans doute d’une telle réaction. « You don’t look like you’re sorry ! » lui répond tout aussi fort son voisin.

En quelques mots, cet homme a mis fin aux propos homophobes du premier, qui tout penaud s’est levé pour aller s’installer plus loin. Sans doute qu’en restant à sa place, il aurait probablement gagné une expulsion du wagon au prochain arrêt.

Un jeune homme blond vient s’assoir a côté de celui qui apparaît ce soir comme le gardien de l’esprit de Montréal : ouvert et tolérant. Nono sourit, et reste ou il est. Il observe le blond et le beau ténébreux échanger quelques mots. Le premier semble lui dire le tout le bien qu’il pense de son intervention. Le métro poursuit son chemin, l’asiatique, puis le blond quittent le train. Pas un mot, ni un regard du beau ténébreux : il les laisse vivre comme ils l’entendent, et n’ajoute pas à l’évènement un échange qui pourrait interrompre leur bonheur. Peu avant qu’il ne quitte le train, le regard du héros croise celui de Nono. Nono lui signifie, par un acquiescement et un « pouce », sa satisfaction.

Le beau garçon lui rends le signe, puis s’en va.

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